Le 1er juin 2025 – La conférence « Ambition France Transports : financer l’avenir des mobilités », dont le but est d’assurer un modèle de financement pérenne des mobilités, se tient depuis le 5 mai à l’initiative du gouvernement.
Pour le réseau européen #enTrain, le développement de l’offre ferroviaire est un maillon indispensable de la réponse au défi d’une mobilité durable. Toutefois, de l’avis général, les financements dans leur tendance actuelle restent insuffisants pour assurer l’entretien, la maintenance et le renouvellement du réseau ferré et le développement de ses trafics, en particulier ceux des trains de la vie quotidienne.
Par ailleurs, depuis quelques années, les projets de RER métropolitains (SERM selon l’acronyme officiel) figurent au rang des préoccupations de l’Etat, qui a labellisé vingt-six de ces projets. Des systèmes de transport comparables transportent un nombre considérable de voyageurs dans de nombreuses métropoles européennes, en particulier les « S-Bahnen » dans le monde germanophone. Ils font partie du cœur de compétence du transport ferroviaire, adapté par excellence à de tels trafics massifs, et peuvent permettre d’assurer la mobilité durable des déplacements au sein, en provenance et en direction des métropoles.
L’association Objectif RER métropolitains estime les besoins de financement d’ensemble des SERM à quarante milliards d’euros à l’horizon d’une quinzaine d’années. De plus, la SNCF estime à un milliard d’euros annuels supplémentaires le montant propre à assurer la pérennité du réseau ferré. Au total, on peut donc estimer le besoin de financement supplémentaire à environ 55 milliards d’euros dans la quinzaine d’années qui vient.
Un tel montant peut paraître élevé, mais en base annuelle, il reste limité si on le ramène à la richesse nationale (moins de 4 milliards d’euros annuels supplémentaires, soit moins de 0,15 % de PIB) et est fondamental pour assurer la transition écologique du secteur des transports.
Le réseau européen #enTrain est favorable à de nouvelles recettes fiscales telles qu’une taxe poids lourds, une utilisation des taxes aéroportuaires ou encore du produit des redevances à l’expiration des concessions autoroutières.
L’actualité nous fournit cependant une piste de financement autre. En 2024, des sénateurs ont déposé une proposition de loi de création d’un livret d’épargne souveraineté ; et tout récemment, le Président de la République a formulé l’idée d’un « Livret d’épargne militaire », dans un contexte de montée des tensions stratégiques.
Dans son principe, le raisonnement consiste à constater que les ménages français disposent d’une épargne financière d’un montant supérieur à 6 200 milliards d’euros, ce qui permet d’envisager de puiser de façon volontaire pour répondre aux besoins de financement ou, pour exprimer la chose plus familièrement, de prendre dans les bas de laine.
Dans ce contexte, l’association Réseau européen #enTrain propose la mise en place d’un livret A ferroviaire pour financer le développement et la modernisation du réseau en général et les investissements nécessaires à la mise en place des RER métropolitains en particulier.
Bien sûr, partie de l’épargne est déjà consacrée à des investissements de transition écologique, par exemple à la rénovation énergétique des bâtiments, ou encore placée en obligations d’État, y compris celles de l’État français, ou sur les marchés d’actions. Et encore une fois, cette source de financement ne saurait être la seule et serait complémentaire de ressources issues de la fiscalité, générale ou affectée, ou du produit des redevances à l’expiration des concessions autoroutières.
Quelques chiffres peuvent donner le potentiel de cette source de financement. Ainsi, les produits d’épargne réglementée, à savoir le livret A, le livret de développement durable et solidaire (LDDS) et le Livre d’épargne populaire (LEP) ont un encours total de 687 milliards d’euros à la fin du mois d’avril 2025, et au cours de la seule année 2024, ont accueilli un flux de 44 milliards d’euros supplémentaires. Au cours de quinze dernières années, le montant de l’épargne réglementée a augmenté de 373 milliards d’euros, soit de l’ordre de sept fois les besoins estimés pour le réseau ferroviaire au cours des quinze prochaines années. De manière encore plus fondamentale, les quelque 55 milliards d’euros nécessaires pour une durée de quinze ans correspondant à moins de 1 % de l’épargne totale des ménages français.
La piste d’un financement du développement du réseau ferré par l’épargne ne peut donc qu’être envisagée voire encouragée.