Non à la fermeture sans précaution…

et démesurément longue (16 mois !) de la ligne ferroviaire Nice – Breil-sur-Roya

Comité franco-italien pour la défense et le développement de la ligne ferroviaire Nice-Tende, en lien avec l’association Roya Expansion Nature, membre du réseau #enTrain

Le 26 novembre 2024 – Le cofinancement par l’État et les Régions de l’infrastructure des petites lignes n’a pas créé la synergie attendue : à de rares exceptions près, les deux financeurs rivalisant de frilosité et le réseau dit « de desserte fine » continue le plus souvent de se dégrader, lentement mais sûrement.

La ligne Nice – Breil-sur-Roya en est un douloureux exemple. Longue de 44 kilomètres, elle compte de nombreux tunnels, ponts et viaducs ; de Breil, deux autres lignes à caractère transfrontalier rejoignent l’Italie, l’une vers le Nord, par le Tunnel de Tende (long de plus de huit kilomètres !) vers Cuneo et Turin, l’autre vers le Sud, jusqu’à la ville frontalière de Vintimille, où elle assure la correspondance avec les trains de la ligne côtière. La carte ci-après montre le tracé des lignes.

Elle est inaugurée dans l’Entre-deux-Guerres, puis l’exploitation des lignes transfrontalières cesse à partir de 1947, interruption qui n’a toutefois pas touché la ligne Nice – Breil. En 1970, la France et l’Italie signent une convention de remise en état, qui aboutit à sa réouverture des lignes de l’ensemble de l’étoile en 1979, époque où il était plutôt habituel de fermer des lignes. En 2013, elle est touchée comme de nombreuses lignes françaises par le vieillissement des infrastructures, et le gestionnaire de réseau (à l’époque, RFF) décide de limiter certaines sections à 40 km/h… le temps de parcours entre Nice et Tende passe de 1 h 15 à 2 h, les fréquences ferroviaires entre Breil et Vintimille sont divisées par deux… des travaux effectués entre les mois de septembre 2018 et de juillet 2019 ne permettent de lever les limitations de vitesse que partiellement.

Les 2 et 3 octobre 2020, la tempête Alex met hors d’usage les voies routières parallèles et de ce fait les relations entre le haut de la vallée et Breil dépendent de la seule ligne ferroviaire. Preuve est faite de l’importance de la ligne, pourtant, les problèmes ne cessent pas voire s’aggravent. En 2023, SNCF Réseau annonce ne prévoir la levée totale des ralentissements que pour l’année 2032 !… Puis programme la fermeture de la ligne pour travaux de septembre 2024 à décembre 2025.

Pour des travaux somme toute modestes, qui ne portent que sur la voûte d’un tunnel (Braus) et sur quelques kilomètres de voie, le trafic est totalement interrompu pour seize mois. Les trains de service, ne pouvant stationner aux gares voisines de Sospel et L’Escarène pour cause de vente des terrains par SNCF, devront rester sur la voie unique ce qui empêche de laisser passer deux fois par jour un minimum de convois pour assurer un désenclavement supportable et éviter le recours à la route par des cols difficiles d’accès.

Le tunnel de Braus, comme deux autres sur la ligne, est au gabarit double voie, requis en 1920 pour la circulation de locomotives à vapeur en milieu fermé au-delà de quelques centaines de mètres. La nécessité de réparer la voûte du tunnel offrait l’opportunité de creuser sa base (radier) [p1] pour augmenter son gabarit, et de poser une seconde voie sans toucher à la première entre les gares de Touet et de Sospel.

Ces investissements auraient créé́ un créneau de croisement ou de dépassement bien utile pour exploiter la ligne avec plus que quelques omnibus, et pour générer des recettes de péage à même de financer l’entretien et de justifier des travaux d’amélioration nécessaires au XXIème siècle à une ligne imaginée au XIXème ! Le fait de disposer de deux voies facilite ensuite la réparation sous circulation de la voûte et des parois  piédroits).

Si SNCF se dotait de la véritable stratégie de remise en état du réseau dont on parle depuis des années sans rien voir venir que de symbolique, les entreprises ferroviaires pourraient embaucher durablement les personnels spécialisés nécessaires pour travailler en 3X8, et pas en horaire normal  [p3] du lundi au vendredi, histoire de prolonger la souffrance des usagers privés de train, mais aussi investir dans de nouveaux matériels augmentant la production et baissant les coûts de revient!

Et dans la foulée, comme pour toutes les lignes injustement considérées comme secondaires, il faudrait aussi exploiter toute la palette des circulations, dont les trains de nuit (Nice Paris est plus court via Breil-sur-Roya, Tende et Turin de 100 kilomètres), les trains mixtes voyageurs-fret rapide, les trains interrégionaux, les trains touristiques. 

Autre exemple sur la ligne : un palliatif à la fermeture aurait été de faire circuler les autorails français (SNCF) sur la ligne Breil-sur-Roya – Vintimille, pour permettre au voyageur de relier la vallée de la Roya à Nice avec un changement à Vintimille, mais les systèmes de sécurité français et italien ne sont pas compatibles. Et SNCF refuse de financer plus de train sur la ligne italienne sous prétexte qu’elle accuse des retards. C’est l’hôpital qui se moque de la charité !

La haute vallée de la Roya qui a déjà subi les crues de 2020 est en survie. Quelle est la réponse de l’État aux cris qui montent de toutes les régions devant l’insuffisance de la réponse ferroviaire aux besoins de déplacements exprimés par les territoires ?

Le réseau #enTrain exige la fin de cette politique de « maintenance éternelle » sous coupures totales élaborée pour « garder le niveau de performances en l’état », une manière pour SNCF Réseau de leur imposer le financement majoritaire des travaux en menaçant en permanence les Régions de fermeture de ces « petites » lignes classées en catégorie 7 à 9.

Le réseau #enTrain réclame de mettre fin à cette politique de maintenance purement palliative et plaide pour une stratégie de développement et de modernisation de la globalité du réseau ferré.

L’ensemble des sommes saupoudrées sur plusieurs années sur des travaux partiels successifs devrait plutôt être rassemblé pour un travail de modernisation pérenne et une montée en performances quitte à occasionner des coupures plus longues mais moins fréquentes. 

Le lien vers le plaidoyer complet des associations : https://nice-cuneo-ventimiglia.blogspot.com/2024/06/plaidoyer-pour-le-maintien-et-le.html