Réservation obligatoire sur des TER : l’association réseau européen #enTrain réagit à la réponse de la SNCF

Marseille le 29 octobre 2024 – Cet été, nous (l’association réseau européen #enTrain) avons publié un plaidoyer contre la mise en place de la réservation obligatoire dans les TER Vallée de la Marne, avec une pétition qui a recueilli plus de 10 000 signatures et un communiqué abondamment repris dans les médias.

Suite à cela, le 6 septembre, nous avons écrit à M. Farandou, PDG du Groupe SNCF, pour lui confirmer notre opposition à cette mesure et à la mise en place de portiques d’accès aux TER, et pour lui demander s’il envisageait une généralisation de la réservation obligatoire sur les TER.

En date du 24 septembre, la direction TER de SNCF Voyageurs a répondu, nous avons mis en ligne la réponse qui figure ci-dessous.

SNCF Voyageurs explique qu’aucun projet de généralisation n’existe, et qualifie même cette hypothèse de « non vérifiée et sans fondement ». Le but de notre demande était précisément de s’assurer de la chose, voilà qui est fait : dont acte.

Le document justifie toutefois la réservation dans le cas particulier des TER concernés. « Sur ces quelques lignes de TER bien particulières, la réservation est en effet une solution pour assurer une meilleure gestion des flux de voyageurs », selon des termes très proches de ceux qu’employaient les communicants de la Région Grand Est au printemps et à l’été.

SNCF Voyageurs persiste donc dans sa position, sans évoquer les lourdes contraintes que cela provoque pour les usagers du quotidien, et surtout, sans s’expliquer sur le fond du sujet, à savoir son incapacité à exploiter des trains suffisamment capacitaires pour répondre à la demande, dans un contexte où le trafic TER, quoiqu’en forte augmentation depuis la fin de la crise sanitaire, reste modeste dans l’absolu.

SNCF Voyageurs fait état d’une hausse de la satisfaction des clients qui ressortirait des enquêtes, et du soutien de « plusieurs associations d’usagers » à cette mesure. Nous ne commentons pas les chiffres d’enquêtes aux formulations souvent orientées, et constatons que diverses parties prenantes du transport ferroviaire, comme l’association ADULT Vallée de la Marne, la FNAUT et Convergence nationale Rail, s’opposent à l’obligation de réserver aussi.

Enfin, nous notons que SNCF Voyageurs s’abstient de tout commentaire sur la dégradation de l’expérience utilisateur qu’induit la pose de portiques d’accès et ne répond pas non plus à notre remarque selon laquelle l’Allemagne, si souvent prise en exemple au moment de la réforme ferroviaire de 2018, ne pratique pas la réservation obligatoire sur ses trains régionaux.

Quoi qu’il en soit, nous restons vigilants pour nous assurer que la généralisation de la réservation obligatoire à d’autres trains TER reste bien une hypothèse sans fondement.

L’association Réseau européen #enTrain

Prix Euroferr 2024 pour le Comité franco-italien pour la défense de la ligne Nice – Cuneo – Ventimiglia et pour l’AFITS

Deux lignes ferroviaires représentées dans le réseau #enTrain on fait l’objet d’une distinction par l’ Association Européenne des Cheminots (AEC) le samedi 12 octobre 2024 lors d’une cérémonie en gare de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes). Il s’agit de la remise du prix par Euroferr qui récompense les associations qui œuvrent en faveur du rail.

Le prix a été remis au Comité franco-italien pour la défense de la ligne Nice-Cuneo-Ventimiglia , aussi appelée étoile de Breil-sur-Roya (représenté dans le réseau par REN) et à l’Associazione “Ferrovia Internazionale Torino-Svizzera” (AFITS) pour la ligne Santhià-Arona.

Ces deux lignes s’inscrivent dans le cadre géographique de la liaison ancienne et indispensable entre la Côte d’Azur française, la Riviera ligure, Turin, la Suisse et l’Europe centrale, dont chaque maillon nécessite des investissement pour sa pérennisation.

Forum interne du 12 octobre 2024 à Lille

La photo ci-contre devant la Porte de Paris, ne présente qu’une partie des participants (9 au total) au forum interne qui eut lieu au Tiers Lieu La Coroutine à Lille. Cette réunion, la seule en présentiel de l’année, face à l’épuisement qui pend au nez de toute démarche bénévole sur le temps long, a eu le don de raviver la flamme militante et d’apporter une prise de recul bienvenue. En trois mots, après la satisfaction générale sur le forum public de la veille, qu’avons nous abordé ? Un retour sur la feuille de route du Réseau, la préparation des événements futurs pour fin 2024 et 2025 avec notamment des webinaires « fil rouge » de nos actions, les nouveaux entrants en vue pour nous renforcer, la diffusion d’une carte pour recenser les territoires couverts par les adhérents afin d’illustrer « notre force de frappe géographique », les partenariats au niveau européen, l’élaboration de nouveaux plaidoyers, l’évolution de notre charte, notre présence sur certains salons européens, la création et mise à disposition des membres d’outils spécifiques de surveillance des circulations ferroviaires.

Le détail du compte-rendu sur notre archivage interne.

Forum #enTrain 2024 à Roubaix : les SERM en débat

Rêve ou réalité, telle aurait pu être la question posée par ce forum, vu le flou qui règne sur le financement des projets français de Services express régionaux métropolitains (SERM), à commencer par celui de la Métropole Européenne de Lille (MEL).

La lumière est venue du Ministère belge des transports et de l’expérience de Liège où le pragmatisme a fini par faire émerger des réseaux ferroviaires urbains répondant à l’essentiel des besoins de mobilité des riverains et des navetteurs, même si beaucoup reste à faire en matière de gouvernance et d’intermodalité.

Une quarantaine de participants ont pu dialoguer avec les intervenants : associatifs, élus régionaux et même un représentant de la Société des grands projets (SGP).

Quelques phrases entendues lors de cette journée intéressante :


– JC Degand : « Le droit à la mobilité reste un objectif lointain dans les périphéries qu’il faut croiser avec d’autres enjeux contemporains, le ZAN (Zéro Artificialisation Nette des sols) et le pouvoir d’achat … »

– Cyprien Richer / Joël Hillaireau : « L’offre ferroviaire n’élimine pas automatiquement l’usage de l’auto; il faut des politiques complémentaires coercitives et un vrai projet d’accompagnement de multimodalité »

– Cyprien Richer : « un réseau de transport autour d’un train qu’on utilise comme un métro » « Il faut envisager le SERM comme un outil au service de la multipolarité frugale ou la métropolisation exacerbée. Quel désir peut-on créer autour de la mise en place d’un SERM ? »

Débat: « L’investissement dans les infrastructures de mobilité (train ou autre) est-il le meilleur choix pour réduire l’étalement urbain? Ne serait-il pas plus efficace de mener une politique de réduction du prix du foncier, de production de logements? » (Cyprien Richer / Joël Hillaireau) « Une chose positive du nouveau projet de SERM est l’élimination des projets de gares au milieu des champs de patates » « C’est la 1ère fois que le plan de mobilité vélo lillois se préoccupe de l’accès aux gares » « Il faut davantage faire savoir que la procédure des SERM oblige à consulter la population et les usagers » « Le SERM permet d’ouvrir le tour de table financier aux collectivités (départements et métropoles) en plus de l’Etat et des régions » « On attend toujours la conférence de financement qui devait avoir lieu en juin 2024 »

« Les SERM ne risquent-ils pas de renforcer le phénomène de concentration de l’habitat et des activités (métropolisation), notamment en obérant la possibilité de renforcement ou de création d’autres liaisons ferroviaires (TER, Intercités, fret,…) pour des territoires extérieurs souvent oubliés des politiques ferroviaires ? » (Antonin Boyer / Joël Hillaireau)


Exemples belges : « Rien n’a été conclu et décidé sur le schéma final urbain et c’est peut-être ainsi qu’on a pu avancer » « Les objectifs du réseau bruxellois restent ambigus : est-ce pour les navetteurs ou pour les citadins? Pour la proche périphérie ou pour les villes régionales? Qui va partager l’espace public (pas très bien compris ce que l’orateur visait)? » « Le RER peut être un facteur de périurbanisation en l’absence de véritable politique d’urbanisme, si on le couple avec des parkings-relais et si on ne lui associe pas un service public de transports urbains ».

Les intervenants et le replay du forum ici.

Réservation obligatoire dans les TER : la réponse écrite de SNCF

SNCF vient de répondre à notre interpellation par lettre ainsi qu’à notre pétition (plus de 10 000 signatures). En voici le texte intégral :

Monsieur,

Par votre courrier du 5 septembre dernier, vous avez attiré l’attention de Jean-Pierre Farandou, Président-Directeur général du Groupe SNCF, sur le sujet de la réservation obligatoire à bord des trains TER. Il m’a chargé de vous apporter des éléments de réponse.


Vous écrivez que nous avons « laissé entendre sur les réseaux que la responsabilité de cette mise en place en Normandie et en Grand Est incombait uniquement aux Régions ». Je vous confirme que ce sont effectivement les Régions, en leur qualité d’Autorités organisatrices, qui décident de mettre en place des systèmes de réservation lorsque, sur des lignes longue distance très fréquentées, le besoin d’un tel système est manifeste. Je vous confirme également que nous leur en faisons la proposition.

Sur ces quelques lignes TER bien particulières, la réservation est en effet une solution pour assurer une meilleure gestion des flux de voyageurs, en garantissant une bonne occupation des places assises et un confort de voyage pour tous. Cela permet aux voyageurs de ne pas être contraints de voyager debout sur des trajets pouvant parfois atteindre trois heures, et cela permet par ailleurs de leur assurer un meilleur service en étant en mesure de les recontacter individuellement en cas d’aléa.

Dans le cas des lignes Krono+ entre Paris et la Normandie, depuis que la réservation a été mis en place en juillet 2022, la fréquentation a augmenté de manière continue. Nos enquêtes clients montrent que le taux de recommandation a augmenté de près de 10 points en trois ans sur ces lignes : la satisfaction client y atteint 91,6 % fin 2023. Plusieurs associations ont fait part de leur satisfaction et de leur attachement à ce dispositif.

Enfin, et afin de remettre ce débat en perspective, il me semble utile de vous rappeler que les lignes sur lesquelles ce système a été mis en place ne représentent que 1 % de l’offre TER. Régions de France a par ailleurs rappelé qu’aucun projet de généralisation n’existe et qu’une telle hypothèse, non vérifiée et sans fondement, ne reflète aucunement les travaux en cours s’agissant des TER ni même la forte diversité des 680 lignes TER, aux besoins très différents.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.

Jean Ligenet, Directeur Délégué.

Rien de nouveau dans le discours qui s’appuie sur le communiqué de l’association des Régions de France et aucune garantie que la réservation automatique à bord des TER ne sera mise en place par les régions quand « le besoin s’en fera sentir ». Espérons que l’hypothèse de la généralisation que nous avons émise restera « une hypothèse sans fondement ».

Communiqué de Presse du réseau européen #enTrain

=-=-=-

La modernisation du réseau ferré classique passe avant la construction de lignes à grande vitesse

=-=-=-

Le 15 octobre 2024 – Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, a envoyé une lettre de mission à Apostolos Tzitzikostas, nouveau Commissaire européen au transport et au tourisme durables.

Elle lui demande entre autres de mettre en place un « plan ambitieux de réseau à grande vitesse européen pour contribuer à relier les capitales européennes, y compris par des trains de nuit, et pour accélérer les trains de marchandises ».

Le réseau européen #enTrain se réjouit de l’importance donnée aux trains de nuit et à l’accélération des trains de marchandises mais regrette la priorité donnée à la connexion en grande vitesse ferroviaire (GVF) entre les capitales européennes.

Les liaisons internationales en GVF ne concernent en effet qu’une fraction très minoritaire des déplacements, surtout effectués par la catégorie la plus aisée de la population. Lorsque les milieux modestes voyagent sur ces distances, ils utilisent avant tout l’autocar voire la voiture (éventuellement en covoiturage) et ils continueront de le faire, GVF ou pas, car ils sont sensibles au prix plus qu’au temps de parcours.

Les investissements de construction de la GVF sont très coûteux et ont un effet régressif, car ils sont financés par l’ensemble de la collectivité mais bénéficient avant tout aux plus aisés. La mise en place réalisation de ce type de liaisons ne doit donc en aucun cas devenir une priorité.

Dans la même lettre, Ursula von den Leyen demande au commissaire un dialogue avec les Etats-membres « pour s’attaquer aux inefficiences de la gestion du trafic aérien au sein du Ciel européen unique ». Pour elle, la mise en place de la GVF n’est donc pas un moyen d’assurer un report modal vers le train, mais au contraire de générer une croissance sans limites de la mobilité, y compris en avion.

Le réseau européen #enTrain rappelle que la croissance de la mobilité, surtout en automobile et en avion, reste incompatible avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le respect des accords de Paris sur le climat. et ne doit pas devenir une fin en soi.

Au quotidien, les citoyens européens ont avant tout besoin d’un réseau bien maillé et de trains de proximité souples d’accès, fréquents et ponctuels. L’exemple de la France montre que la priorité donnée au TGV ne conduit pas toujours à améliorer ces points.

La GVF apporte rarement une solution à la mobilité de vie quotidienne. La priorité doit donc aller à la modernisation de l’ensemble des réseaux de voies ferrées classiques et à l’amélioration des dessertes en trains de proximité, selon les modèles suisse et autrichien, tous deux en tête de la mobilité ferroviaire en Europe, pour les marchandises comme pour les personnes.

https://reseauentrain.eu/

A vos agendas ! Le 11 octobre 2024, forum intitulé « RER métropolitains : splendeur et misère ? »

Les RER métropolitains (SERM selon la terminologie officielle) figurent désormais au cœur des préoccupations des milieux ferroviaires en France. Ils sont évoqués dans la loi d’orientation des mobilités de 2019, Jean-Pierre Farandou souligne leur nécessité dans le document Faire fois deux (2022) et désormais, ils font l’objet d’une loi ad hoc, promulguée le 27 décembre 2023.

Le but de cette demi-journée organisée par l’association #enTrain, est de réfléchir aux zones d’ombre du concept, sans forcément remettre en cause leur pertinence de principe. Mieux desservir les grandes villes, d’accord, mais quelle articulation avec le reste du réseau ferré ? Quelles conséquences pour les dessertes dans les territoires périphériques ? Et quelles interactions avec les autres moyens de transport ?

L’événement se tiendra l’après-midi du vendredi 11 octobre, à La Condition Publique à Roubaix, accessible en métro, tramway et TER.

Nous mettrons en ligne un lien d’inscription d’ici la dernière décade du mois d’août.

Programme prévisible :

Événement 1 : 13h45SERM, grand projet ou meilleure valorisation du réseau ?

Dans certaines villes, à Lille par exemple mais aussi à Marseille, la gare principale est en terminus, ce qui implique la construction d’une gare souterraine pour diamétraliser les relations, comme à Paris ou dans certaines villes allemandes (Munich, Francfort-sur-le-Main, Stuttgart). Une telle réalisation n’échappe pas au syndrome dit de l' »éléphant blanc », avec des critiques quant à son coût et à son impact environnemental. Mais des alternatives existent : elles se basent sur une utilisation optimisée du réseau, notamment des réouvertures de lignes et une amélioration des pôles d’échanges avec les transports urbains.

Conférence

Cyprien Richer, CEREMA (Lille) : Du « REGL » (Réseau express du Grand Lille) au « SERM » : enjeux, controverses et perspectives pour
augmenter les trains du quotidien dans l’aire métropolitaine lilloise
=-=-=-

Événement 2 : 15h00 – Les SERM et les territoires périphériques : effet d’entraînement ou risque d’exclusion ?

Parmi la société civile et la population générale, de nombreuses inquiétudes sont formulées sur la mise en place des SERM, qui pourrait générer une exclusion plus marquée encore des liaisons de desserte fine dans les territoires périphériques. Cette table ronde aborde le sujet ainsi que la question de l’intermodalité avec le vélo et la desserte des territoires, la loi prévoyant des réseaux cyclables au sein des SERM.

Table ronde animée par Yves Adaken de la rédaction de Médiacités, Lille.
Intervenants :
Maxime Pol : Sur les Rails, Aulnoye-Aymeries (Nord).
Michel Anceau : Association pour le Droit au vélo, ADAV, Lille.
Joël Hillaireau : Sauvons les Trains Bordeaux – La Rochelle – Nantes, Bordeaux.

=-=-=-

Événement 3 : 16h15Les trains « S », ou des SERM à la belge ?

Notre voisin belge a opté pour le cadencement intégral depuis 1984 et le plan IC – IR. Le voyageur y dispose donc déjà, à l’échelle du pays, d’un RER de fait. Mais paradoxalement, c’est assez récemment que la SNCB a mis en place des dessertes cadencées dédiées aux grands pôles urbains : les trains Cityrail à Bruxelles dans les années 2000, puis « S » à Bruxelles, et autour des autres grandes villes du pays depuis 2015. Il s’agit souvent, en réalité, de dessertes anciennement locales (dites « L ») et leur transformation en « S » (suburbain) relève au moins autant de l’affichage commercial que de la mise en place d’un véritable RER… sauf à Bruxelles où les travaux d’amélioration des voies battent leur plein. L’occasion de faire un point sur la situation belge et les leçons à tirer pour la mise en place des SERM en France.

Première conférence :
Bernard Swartenbroekx, Expert ferroviaire, Ottignies Louvain-la-Neuve (Bruxelles) : Dessertes métropolitaines en Belgique : promesses, ambiguïtés et perspectives

Seconde conférence :
François Schreuer, Association sans but lucratif (ASBL) Urbagora, Liège : la mise en place des dessertes suburbaines à Liège

=-=-=-=

Pour s’inscrire : Forum 2024

Le 17 juin, un colloque sur les perspectives du train de nuit s’est tenu au Sénat

M. Jacques Fernique, Sénateur du Bas-Rhin, a présidé le colloque intitulé « Trains de nuit : les enjeux d’amélioration et de développement », qui s’est tenu au Sénat le 17 juin, en collaboration avec l’association Destination Trains de nuit, membre du réseau européen #enTrain. L’occasion de dresser un bilan de la relance des trains de nuit effectuée par la SNCF sous l’autorité de l’Etat, mais aussi de constater que les perspectives de développement restent incertaines.

L’indéniable hausse du trafic témoigne d’une certaine demande, mais laisse de nombreuses questions en suspens, relative à la qualité de service et notamment aux fréquentes interruptions pour travaux, aux nombreuses variantes horaires et au conflit avec les trains de marchandises. A plus long terme, force est d’admettre que rien ne garantit la pérennité de la relance, rendue incertaine par un réseau qui reste insuffisamment entretenu et par l’absence de commande de matériel roulant. Dans le contexte d’une offre essentiellement centrée sur la capitale, rien ne semble annoncer une volonté d’exploiter les liaisons transversales, pourtant ardemment souhaitables pour faire pièce à l’avion.

Pour en discuter, des interventions de dirigeants de SNCF Réseau, de SNCF Voyageurs, Trenitalia France et Midnight Trains, d’une représentante de l’Autorité de régulation des Transports, de M., Sénateur du Lot, et d’un expert du cabinet . Les débats sont animés par Alice Prud’homme et Stéphane Coppey de l’association Destination Train de nuit (la première aussi élue locale des Hautes-Alpes). L’association a également formulé des propositions en quatre points de développement du train de nuit.

On consultera avec profit les actes du colloque sur le site de l’association Destination Trains de nuit : https://destinationtrainsdenuit.eu/2024/07/21/actes-du-colloque-du-17-juin-2024-au-senat-sur-les-enjeux-damelioration-et-de-developpement-des-trains-de-nuit/

L’arrivée de la réservation obligatoire dans les TER, une logique contraire à l’intérêt du voyageur et au service public

Deux conceptions de l’accès au train s’opposent en Europe : une dite de train ouvert, accessible sans réservation, suivie notamment dans les pays germanophones, et l’autre dite de train fermé, où l’accès aux trains de grandes lignes est soumis à l’obligation de réserver sa place, suivie notamment en Espagne et en Italie.

La SNCF a adopté la seconde de ces logiques. Jusqu’à l’arrivée du TGV en 1981, les trains de grandes lignes étaient accessibles sans réservation, avec un billet ouvert valable deux mois, et comme unique obligation de le composter le jour du départ. Le TGV et son concept de « train-avion » a chamboulé cette logique et sa montée en charge s’est accompagnée de l’arrivée de la réservation obligatoire, hormis la parenthèse des TGV verts, trains d’heure creuse accessibles sans réservation mis en place de manière éphémère dans les années 1990, et du cas particulier bien anecdotique des TER GV dans les Hauts-de-France.

A partir de 2003, avec l’arrivée des voitures rénovées dites « Corail Téoz », la réservation obligatoire s’étend aux principaux trains de grandes lignes classiques. Cela concerne les lignes Paris – Clermont-Ferrand, Paris – Limoges – Toulouse, Bordeaux – Marseille et Paris – Nancy – Strasbourg (cette dernière a basculé vers le TGV en 2007). Aujourd’hui, la très grande majorité des trains de longue distance est donc soumise à l’obligation de réserver.

Cette situation semble désormais se généraliser, pour désormais concerner également certains TER. L’an dernier en effet, la SNCF et le Conseil régional de Normandie ont instauré la réservation obligatoire sur les TER entre Paris et la Normandie (Caen – Cherbourg et Rouen – Le Havre). Et cette année, rebelote en Région Grand Est : à compter du 6 juillet, le voyageur qui emprunte les TER Vallée de la Marne (la ligne 1) et Paris – Mulhouse (la ligne 4) a l’obligation de réserver sa place avec, pour l’usager occasionnel, l’obligation d’une place assignée ; de plus, dans les Hauts-de-France et en Auvergne Rhône-Alpes, les exécutifs régionaux disent réfléchir à l’introduction d’une mesure similaire.

Progressivement, les TER de longue distance sont donc gagnés par la logique de la réservation obligatoire. Comme certains tarifs réduits sont contingentés, et que dans certaines gares parisiennes, l’accès est fermé deux minutes avant le départ, on peut même parler d’un processus d’avionnisation à pas feutrés du TER de longue distance.

Les associations d’usagers, en particulier ADULT (Association de Défense des Usagers de la Ligne TER de la Vallée de la Marne en Champagne Ardennes), sont opposées à cette évolution, et à raison.

Car à l’évidence, l’obligation de réserver génère une contrainte pour le voyageur, une complexité (la nécessité d’échanger le billet si on prend le train suivant) et une source de contentieux, avec la verbalisation du voyageur qui emprunte le « mauvais » train ; un communicant de la Région Grand Est admet en creux ce manque de flexibilité, lorsqu’il déclare qu’il restera une voiture « qui sera sans réservation, avec emplacement libre, pour permettre d’avoir un peu de souplesse [sic] ».

L’usager du train perd le sentiment de liberté qui est l’un des points forts de ce moyen de transport, un point d’autant plus gênant que la voiture particulière, principal concurrent du train régional, se distingue précisément par sa flexibilité et sa disponibilité permanentes.

La Région Grand Est justifie la mesure par le fait « de donner aux usagers la garantie d’avoir une place, de mieux gérer les flux et de donner les informations aux voyageurs en cas d’aléas ». Objection de bon sens : c’est la possibilité de réserver qui confère la garantie de place assise, pas son caractère obligatoire …

Quant à la gestion des flux, dans son principe, la réservation obligatoire permet en effet d’éviter la situation de surcharge : dès la totalité des places réservée, plus aucune place n’est vendue ce qui permet d’éviter l’arrivée de voyageurs en surnombre et donc, effectivement, de « mieux gérer le flux ». Mais en contrepartie, le voyageur qui trouve un train complet est obligé soit de décaler ou d’avancer son voyage, soit d’y renoncer, soit d’emprunter un autre moyen de transport, ce qui ne va pas vraiment dans le sens d’un doublement du trafic ferroviaire, objectif proclamé de la SNCF. Celle-ci s’affranchit dès lors de l’obligation de transporter, caractéristique du service public de transport.

Surtout, dans un contexte où la SNCF ne sait pas répondre à une demande qui croît beaucoup plus que prévu, la réservation obligatoire permet de réguler la demande en fonction des limites de l’offre, et donc, de contingenter le trafic, selon une logique malthusienne.

Par cette mesure, les Conseils régionaux et la SNCF perpétuent la culture du train rare et lourd. Le développement massif du transport ferroviaire implique de rompre avec cette logique, et d’adopter le principe du cadencement systématique : prendre le train ne doit pas devenir pas aussi compliqué que de prendre l’avion, mais doit rester simple que de prendre le métro.

Vous pouvez signer la pétition de ADULT contre la réservation obligatoire : https://www.change.org/p/non-a-la-reservation-obligatoire-dans-les-ter/

Ou mieux notre pétition nationale contre l’avionisation des TER :

https://www.mesopinions.com/petition/social/avionisation-ter-reservation-obligatoire/232344

1er juin 2024 : L’Association des usagers de la SNCF du Gard fête ses trente ans

Samedi 1er juin, l’association des usagers de la SNCF du Gard a choisi Villefort, ville lozérienne desservie par le Cévenol, pour fêter ses trente ans d’existence. Les participants ont fait le voyage en nombre, certains d’entre eux ayant profité des billets à 1€ proposés par la Région Occitanie chaque 1er week-end du mois.

Anne-Marie Skora, la présidente de l’association, a dressé un rapide historique des avancées obtenues au cours de l’histoire de l’association, telles que le viaduc de Courbessac, certains arrêts supplémentaires ou la prise en compte des besoins des usagers lors des travaux ; elle a aussi rappelé les progrès encore attendus par les usagers, comme le cadencement des horaires et la réouverture de la ligne Alès-Bessèges, a invité les élus à s’exprimer ainsi que les autres associations amies à venir raconter des souvenirs communs ou des anecdotes.

Plusieurs élus lozériens avaient répondu présent : entre autres Jean-Claude Bajac maire de Villefort et Jean-Claude Roux premier adjoint qui ont assisté à l’événement et assuré leur confiance à l’association, Marc Oziol maire de Langogne et son premier adjoint, ou encore Jean de Lescure, Président de la Communauté de communes Mont Lozère.

Jean-Luc Gibelin, Vice-Président de la Région Occitanie en charge des mobilités et Sophie Pantel, Présidente du Conseil départemental de la Lozère, avaient transmis un message de soutien.

Un des temps forts de la journée a été la conférence de Jean-Louis Maurin, expert de la ligne des Cévennes, venu en présenter l’histoire.

La traditionnelle tombola de l’association a clôturé le buffet et cette belle journée.

L’histoire de l’association

Elle est née en octobre 1994, lorsque sur le quai de la gare, Jean Michel, alors simple usager de la ligne Bessèges – Alès – Nîmes, découvre que l’arrêt de Boucoiran, à une dizaine de kilomètres au sud d’Alès, va être supprimé sans que personne n’en avertisse les usagers. Il décide avec un petit groupe d’amis de fonder l’association de défense des usagers de la SNCF du Gard ! C’est le début d’une longue histoire qui va permettre aux usagers d’obtenir quelques avancées comme des arrêts supplémentaires ou le prolongement des billets lors des grèves ou des travaux ou encore la mise en place de bus de substitution.

En juillet 2012 c’est un gros coup dur : la suspension des circulations ferroviaires sur la ligne Alès – Bessèges, longue de 32 kilomètres, faute d’entretien de RFF et par manque de volonté politique. En 2013, une avancée en revanche : le viaduc de Courbessac est enfin inauguré, il permet de gagner huit à dix minutes de trajet entre Nîmes et Alès en supprimant le rebroussement au triage de Nîmes.

En 2017, Anne-Marie Skora succède à Jean Michel à la tête de l’association ; elle poursuivra avec les mêmes bénévoles les combats pour l’amélioration des conditions de circulation sur la ligne des Cévennes mais aussi sur d’autres lignes du département du Gard, notamment Nîmes – Montpellier et Nîmes – le Grau du Roi.

Forte de 150 adhérents, l’association est reçue par la SNCF et la Région Occitanie et porte ainsi la voix des usagers. En août 2023, la ligne de la Rive droite du Rhône rouvre cinquante ans après sa fermeture en 1973 ! L’association des usagers avait soutenu cette réouverture depuis toujours. A présent, sa principale revendication est la remise en service de la ligne Alès-Bessèges ; à cette fin, l’association participe à un Collectif constitué avec deux associations de défense des services publics et les syndicats cheminots de Nîmes et d’Alès.

Elle entretient des relations fortes avec le Comité de défense des services publics et des usagers des Hautes Cévennes basée à Génolhac (Gard) et l’association des usagers du Haut Allier, également membre du réseau En Train, basée à Alleyras (Haute Loire) où s’est tenu en 2019 un colloque, référence de la convergence des associations de défense de la ligne des Cévennes et du Cévenol.

29 Septembre 2023 : Forum interne au Réseau #enTrain

Notre forum annuel s’est donc tenu à l’Université Libre de Bruxelles pour la 5ème édition, après Paris, Genève, une année en virtuel, et Lyon.

L’étape était importante puisque le réseau va devenir plus autonome désormais. Nous avons donc mis en place une organisation avec des outils et des méthodes qui nous permettront de rester structurés et efficaces. Deux nouveaux membres Ferinter et AlpRail seront désormais à nos côtés. Nous étudions la possibilité de transformer le forum annuel en événement d’été, de fin de printemps ou de rentrée, afin de rassembler plus largement d’une manière agréable.

28 Septembre 2023 : Le Train Par Delà Les Frontières – Bruxelles

Notre Forum 2023 se divisait en deux parties : une partie « fonctionnement interne » et une partie « ouverte au public » le 28 qui se composait de deux tables rondes autour de L’INTÉGRATION BILLETTIQUE Ã L’ÉCHELLE EUROPÉENNE puis des RÉSEAUX EXPRESS MÉTROPOLITAINS TRANSFRONTALIERS.

Les brillants orateurs apportaient leurs lumières devant une salle passionnée. L’après-midi se déroulait au centre de Bruxelles dans la salle des conférences de la grande librairie Muntpunt. Le contenu des échanges avec la vidéo intégrale se consultent sur la page Forum 2023. Pour notre première rencontre publique nous pouvons modestement affirmer que ce fut un vrai succès.

29 et 30 septembre 2022 : Forum 2022 du Réseau #enTrain

Les membres du réseau #enTrain se sont réunis à Lyon le 29 septembre et le 30 septembre 2022 pour la quatrième fois depuis sa création par l’association Must en 2019.

Le réseau #enTrain est constitué d’associations et de collectifs actifs dans la défense du train du quotidien et des trains de nuit. Ce projet est financé par la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme (FFH). Les chercheurs de MUST ont un double objectif, premièrement mieux cerner les difficultés associées aux développement de la mobilité par rail et deuxièmement fédérer les acteurs locaux de défense du rail du quotidien et de nuit afin de renforcer leurs actions en Europe francophone.

Le Forum 2021 a finalisé la rédaction de la CHARTE qui a ensuite été signée par tous les membres. Le réseau #enTrain bénéficie du soutien d’une coordinatrice salariée à 20 % depuis mars 2021

Le programme sur deux jours a proposé des échanges et des ateliers de bilans et de perspectives, une visite du tram train commenté par Benoit Demongeot, et une présentation de Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de Sytral Mobilités, l’auitorité organsiatrice de la mobilité sur la Métropole de Lyon et ses environs. Monsieur Kohlaas a évoqué certaines difficultés à développer un réseau ferré concurrentiel dans une métropole française et les stratégies possibles pour y arriver malgré tout.

Après des échanges sur les actions menées par les différents collectifs et associations membres, le Forum a défini des stratégies pour élargir le nombre de membres et trouver de nouvelles sources de financement.

Le réseau #enTrain a également comme ambition d’améliorer sa présence sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter), rédiger un article sur le financement du rail en France dans un journal grand public, développer son travail de lobbying au niveau régional, national et européen et financer un.e collaborateur-trice à 100% dès que possible.

29 septembre 2022 : Visite du tram train lyonnais

En fin d’après-midi visite du Tram Train de l’ouest de Lyon avec Benoît Demongeot, Conseiller technique Transport & Mobilités à la Métropole de Lyon. Un mini réseau dont l’historique, les atouts, les spécificités, mais aussi les freins à son développement de la part des gestionnaires actuels, SNCF et Région AuRA, nous furent présentés.

4 mai 2022 : Séminaire en ligne sur le système de financement et aménagement de l’infrastructure ferroviaire Suisse (FAIF)

Julien Niquille, Responsable du domaine Offre et projets de transport public à la DGMR, a présente le système de Financement et aménagement de l’infrastructure ferroviaire (FAIF) aux membres de notre réseau européen.

07 et 08 octobre 2021 : Forum du réseau #enTrain

Le dernier forum a eu lieu le 7 et 8 octobre 2021.

Ces deux jours ont été extrêmement intéressants, constructifs et productifs.

La charte a été débattue et adoptée puis les perspectives d’actions ont été définies pour l’année 2022. Bien entendu, les élections françaises, présidentielle et législatives, vont occuper une bonne partie des activités des associations françaises.

Cependant, un travail au niveau européen est aussi planifié, en particulier :

  • Etudier les conséquences opérationnelles de l’ouverture à la concurrence
  • Organiser des temps de formation pour les membres, notamment sur les mécanisme de financement qui permettent à la Suisse de mettre en place une planificiation du rail stable et pérenne.